Agissons pour la libération des Prisonniers de conscience
Louanges à Allah (swt) et Salutations au Prophète Muhammad (saw).
Les croyants ne forment qu’une seule fraternité. Surah Al-Hujurat (49) verset 10
Des événements récents, des prises de position, des cris de détresse ou d’alarme nous incitent à consacrer, une nouvelle fois, ce khutbah aux souffrances de nos frères et sœurs détenus pour leur conviction dans l’autorité d’Allah, autrement des prisonniers de conscience.
L’initiative est venue cette semaine d’une dizaine d'organisations britanniques, dont Friends of Al Aqsa et Cage International, de circuler en Angleterre, un khutbah commun sous le titre Les prisonniers de conscience, dont est inspiré ce présent khutbah.
L’autre fait marquant, en faveur des prisonniers d’opinion est la circulation, cette semaine, par un collectif français, d’une pétition internationale en faveur de la libération de Marwan Barghouti, suivie d’une autre initiative similaire par un autre collectif, britannique celui-là.
Initiative remarquable aussi, celle du Dr Mustafa Barghouti, politicien Palestinien et consultant pour Al Jazeerah, qui a lancé une campagne en faveur du port d’un ruban rouge pour démontrer notre solidarité et notre soutien aux plus de 9100 prisonniers détenus dans les prisons israéliennes.
Les cris de détresse des fils et des sœurs de l’ancien Premier ministre Pakistanais, Imran Khan, dont le seul crime a été de refuser la normalisation des relations avec Israël, et qui est détenu en réclusion solitaire, presque dans le couloir de la mort, nous interpellent.
Le cri d’alarme est venu du savant arabe, exilé aux USA, Sheikh Ahmad Musa Jibril, lui-même ancien prisonnier d’opinion, qui a révélé les conditions atroces et humiliantes d’une centaine de prisonniers de conscience aux Maldives. La façade anti-israélienne serait-elle que de l’hypocrisie ?
Et enfin, les efforts inlassables des avocats d’Aafia Siddiqui, neuroscientifique pakistanaise, vendue par son pays et détenue, au Texas, depuis plus de 23 ans, devait raviver l’espoir d’une relaxation possible, Insha Allah.
Parmi les devoirs qu'Allah nous a confiés figure celui de transmettre la vérité au peuple et de ne jamais la dissimuler. Nous devons parler avec honnêteté des réalités qu'Allah nous a ordonné d'aborder, qu'il s'agisse des affaires générales des musulmans ou de leurs affaires privées. C'est un Amanah, un dépôt. Car le silence face à l'injustice est une trahison et dissimuler la vérité lorsque l’Ummah souffre est un abandon.
En vérité, notre deen nous commande de nous tenir aux côtés des opprimés, de les soutenir et de lutter sans relâche pour la libération de ceux qui sont injustement retenus captifs. Depuis ses origines, notre Ummah s'est distinguée par sa sollicitude envers chaque âme vulnérable: l'orphelin, le nécessiteux, le voyageur, le malade, la personne âgée – et le captif privé de sa liberté, réduit au silence et dont le sort est souvent oublié.
C'est une religion dont les enseignements insistent sur le soulagement de la détresse de celui qui souffre et l'apaisement de la douleur et du chagrin de celui qui est affligé. Lorsque le captif demeure derrière les barreaux tandis que ses frères dorment dans le confort; lorsque sa famille pleure dans la solitude, invisible et inaudible; lorsque l'oppresseur renforce son emprise tandis que l’Ummah relâche sa sollicitude, les liens de fraternité s'affaiblissent et les piliers de solidarité qui soutenaient jadis cette Ummah commencent à vaciller.
Lorsque l’Ummah du Prophète (saw) néglige ces valeurs et manque à ses principes, même partiellement, le captif souffre non seulement des chaînes qui entravent ses mains et ses pieds, mais aussi de la solitude de l'abandon, de la douleur de croire que l’Ummah l'a oublié. Sa famille porte un fardeau qui s'alourdit avec le temps – peur, chagrin, incertitude et épreuves – et pourtant, nombreux sont ceux qui restent insensibles.
C'est pourquoi il nous incombe – un devoir de foi, un devoir d'honneur, un devoir d'humanité – de nous souvenir de nos captifs, de soutenir leurs familles, de plaider pour leur liberté et de nous opposer fermement à toute forme d'injustice. Tant qu'un seul musulman opprimé demeure enchaîné, l’Ummah toute entière partage sa souffrance; et tant que nous défendons sa cause, Allah défendra la nôtre.
Lorsque l’Ummah semble lointaine, les oppresseurs gagnent en audace –nos captifs, injustement détenus par des régimes tyranniques, se tournent vers leurs frères et sœurs musulmans avec espoir. Ils ont des droits sur nous, des droits reconnus non seulement par la morale, mais aussi par la révélation elle-même. Car le Messager d'Allah (saw) nous a ordonné avec clarté et urgence :
Nourrissez les affamés, visitez les malades et libérez les captifs.
Mais aujourd'hui, de nombreux musulmans dorment tandis que nos frères et sœurs hurlent et pleurent derrière les barreaux. Les oppresseurs inventent de nouvelles méthodes pour les torturer, les briser, anéantir leur détermination. Les captifs appellent au secours, mais le monde reste silencieux.
Il nous faut nous demander combien de temps encore nos prisonniers, détenus injustement par des régimes sionistes, des tyrans, des oppresseurs et des nations hostiles à l’Islam, devront-ils rester enchaînés tandis que leur communauté dort ? Combien de temps leurs mères devront-elles attendre ? Combien de temps leurs enfants devront-ils espérer ? Combien de temps leurs voix devraient-elles rester sans réponse derrière les murs froids des prisons ?
Avons-nous compris le verset :
Les croyants ne forment qu’une seule fraternité. Surah Al-Hujurat (49) verset 10
Combien de fois nous sommes-nous rappelé l’importance de la fraternité en Islam? Combien d'entre nous, fiers de la fraternité islamique, ont véritablement saisi ce concept tel qu'il était compris par les Compagnons ?
Le Prophète (saw) a dit :
« Le musulman est le frère de son prochain; il ne lui fait pas de tort et ne l'abandonne pas. » (Boukhari)
La fraternité en Islam n’est pas un slogan. C’est le sacrifice. C’est l’action. C’est la souffrance. C’est être aux côtés de son frère comme si sa souffrance était la nôtre.
La fraternité n'est pas un mot, mais une réalité que nous devons vivre par nos actes, car elle transcende les relations terrestres. Celui qui honore les liens de fraternité, sait qu'il tisse un lien avec Allah, comme l'a dit le Messager d'Allah (saw) :
« Et Allah aide le serviteur tant que celui-ci aide son frère. » (Muslim)
Lorsque nous parlons de nos prisonniers et opprimés, nous évoquons des érudits dont les voix ont jadis éclairé l’Ummah, désormais enfermés derrière des murs – des érudits tels que Cheikh Salman al-Awdah, Cheikh Mahmood Sha’baan, Cheikh Khalid Al-Rashid et Cheikh Abdullah Basfar, parmi tant d'autres. Nous évoquons des femmes d'honneur et de dignité, comme notre sœur, le Dr Aafia Siddiqui et Leqaa Kordia.
Nous évoquons des dirigeants comme Imran Khan et Marwan Barghouti, des prisonniers dont on entend rarement parler, comme le Dr Hussam Abu Safiya. Nous évoquons des musulmans dont le seul crime était leur foi. Nous nous souvenons des détenus de Filton 24, dont les proches attendent toujours leur retour, le cœur lourd.
Alors, notre rôle aujourd’hui est de perpétuellement soulever cette question, d’interpeller les autorités afin qu’elles tentent la libération de ces captifs du moins qu’elles leurs fassent justice.
Le Prophète (saw) a décrit cette communauté (Ummah) par une image saisissante :
« Le croyant est pour le croyant comme un édifice solide; chaque partie soutient l’autre. » (Boukhari)
Réfléchissons-y. Les musulmans forment un seul corps, une seule et même structure; chaque membre soutient l’autre et chacun ressent la douleur des autres.
Poursuivons nos efforts pour obtenir la liberté de nos frères et sœurs. Persévérons dans nos invocations (Duʿā’), poursuivons nos efforts de sensibilisation, notre soutien à leurs familles, poursuivons nos efforts par tous les moyens pacifiques, justes et compatissants.
À celui qui s’efforce de libérer les opprimés, Allah le délivrera des épreuves le Jour où il ne restera plus aucun secours.
Qu’Allah nous guide et nous aide.
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